Paris, Whisky Live 2025 : quinze ans déjà que nous faisons pèlerinage à ce rendez-vous sacré des amoureux du malt et des spiritueux bien élevés. Ici, pas de buveurs du dimanche : c’est la Mecque des hédonistes, la grande messe liquide où le sacré se sert en fût. Mais soyons francs comme un Cabernet, entre deux gorgées d’ambre céleste, Le Gourmandiseur et sa bande de Tontons mitonneurs aiment aussi poser la cuillère sur les plus belles tables — ou du moins, les plus surprenantes — de la capitale.
Et ce midi, on ne plaisante pas, on remonte le temps ! Direction un authentique wagon-restaurant de l’Orient-Express de 1925, transformé en brasserie aux accents de l’Île de Beauté. Oui, vous avez bien lu, un wagon mythique où les effluves corses de brocciu et de prisuttu remplacent ceux du charbon.
Un peu d’histoire avant le festin…
Dans les années 50, quelques Corses visionnaires (et un brin têtus) ont sauvé ce wagon promis au déraillement final. Le wagon de luxe devient alors salle de restaurant, gardant l’élégance de l’âge d’or ferroviaire. Aujourd’hui encore, ce sont de jeunes insulaires qui tiennent la barre (voire plutôt la rame), entre patrimoine, passion et Pietra. L’adresse respire le Paris d’antan, celui où l’on prenait le temps de lever le coude avant de prendre le train.
Assez causé, place à la dégustation et embarquement immédiat pour l’Île de Beauté…
On attaque les rails du plaisir avec la grande assiette de charcuterie corse : prisuttu, saucisse et lonzu coppa de la famille Moracchini de San Lurenzu, du sérieux dans la cochonnaille ! Le tout escorté d’un rosé Primizia 2023, léger, franc et joyeux, parfait pour huiler les papilles et les essieux.
En entrée, je choisis les Buglidice qui sont en fait de délicieux beignets de fromage de chèvre frais fermier à la menthe sauvage corse (Nepita). En parallèle, des Fleurs de courgettes en tempura, servie avec une crème de brocciu à la Nepita, et un Tartare de thon rouge de ligne, purée d’avocat, pomme granny Smith, grenade et marinade au pomelo. Déjà là, on se dit que la Corse a le goût du voyage bien fait.
Puis arrivent les stars du rail… Poitrines de cochon confites au miel et whisky, cochon de chez Monsieur Eric Ospital (le célèbre artisan charcutier basque) cuites à basse température pendant 4 heures, et nappées d’une marinade sucrée salé au miel de châtaigne et Whisky corse P&M, servies avec un gratin dauphinois. L’autre moitié de la tablée prendra en partie le Magret de canard du sud-ouest avec un jus réduit à la Pietra Rossa (bière corse aux fruits rouges) et sera accompagné du même gratin dauphinois que la poitrine, et le Thon rouge de ligne noble et précis pour l’autre partie. Si je vous dis « darladirladada », vous me répondrez plus que certainement « qu’on s’en est fourré jusque-là ! », et vous n’aurez pas tort !
Dans la théorie des fluides, pour irriguer le tout, cap sur un San Micheli Corse-Sartène 2023 : robe grenat, nez boisé et fruité, tanins souples et finale qui s’étire comme un coucher de soleil sur les aiguilles de Bavella.
Service à bord… mention spéciale à Johnny, maître du rail gastronomique : humour, sourire, œil attentif… le gars a plus de classe qu’un contrôleur en smoking.
